Rabu, 13 Mei 2009

KAMPUNG LAUT

Kampung Laut (kampung signifie village, Laut signifie la mer) se situe au milieu de la Segara Anakan, un espace maritime qui s’étend devant la baie de Cilacap. C'est une localité bâtie sur des aanslibbings. On appelle ainsi des terres qui ont surgi de la mer sous l’effet d’un long processus d’envasement et de sédimentation. Cilacap est une petite ville de la partie centrale de Java, au sud. Lorsque l’Indonésie était occupée par les Hollandais, c’était un port important voué au commerce international. C’est de là que la VOC, Compagnie des Indes orientales, expédiait le tabac de Java vers l’Europe. Par là il y a aussi la petite île de Nusa Kambangan. Elle est maintenant utilisée par le ministère de la justice, et il y a une prison pour des détenus condamnés à plus de dix années de réclusion.

En 1942, la mer de Segara Anakan recouvrait une superficie de 64 000 hectares, qui s’est réduite à seulement 1 000 hectares de nos jours sous l’effet des sédiments apportés en abondance par les fleuves Citanduy et Serayu. Et il s’est constitué un aanslibbing, qu’on appelle localement tanah timbul. La mangrove s’est mise à pousser sur ce sol puis, lorsque le terrain s’est raffermi, des gens y ont construit des habitations. Au fil du temps la mangrove a peu à peu disparu, même si beaucoup de gens sont morts de fièvres diverses.

A mesure que l’aanslibbing s’étend, la mer se rétrécit et les pêcheurs voient disparaître la matière première dont ils vivent. Les pêcheurs de Kampung Laut utilisent une méthode de capture traditionnelle appelée apong, un filet calé. Chaque famille a son secteur propre, et
c’est comme un champ pour le cultivateur, le champ qui fait vivre. La possession d’un apong est reconnue par un document officiel signé par la chef de village. Ce Surat Tanda Milik Tanah Air (titre de propriété sur la terre et l’eau) n’a pas de valeur officielle aux yeux de l’administration nationale dont la législation en matière de foncier rural est basée sur la notion de « domaine d’Etat ». Les villageois peuvent posséder légalement une pièce de terre seulement s’ils y ont
vécu au moins vingt ans, si aucune autre personne n’en revendique la propriété, si l’Etat n’en a pas besoin dans l’intérêt public.

Lorsque les premières pluies tombent après l’été, les pêcheurs installent leurs apongs. La quantité de poissons pêchés varie suivant l’importance de l’immersion du filet. A mesure que la Segara Anakan se rétrécit, les pêcheurs des villages de Ujung Alang et de Ujung Gagak répètent que leurs prises diminuent constamment. Cela inquiète les hommes mais aussi les femmes qui sont chargées de la manutention et de la commercialisation de la production, et aussi de faire bouillir la marmite familiale.

De plus en plus des gens ont arrives à Kampung Laut pour essayer de vivre en grignotant la forêt. Ce sont souvent des cultivateurs qui ont perdu leur exploitation et ont été chassés par le propriétaire. A cause du déboisement, ces nouveaux venus et les pêcheurs qui étaient là déjà
se sont affrontés, tandis que l’écosystème des mangroves est déséquilibré et que les fièvres menacent.

On a appris par la presse que le gouvernement local, appuyé par la ADB (la Banque asiatique de développement) , a lancé un projet de protection de l’environnement pour la Segara Anakan. Sans même en aviser les pêcheurs de Kampung Laut, un organisme appelé Badan Pengelola Konservasi Segara Anakan (BPKSA) a décidé de faire enlever tous les apongs dans le secteur. Selon ce BPKSA, cette mesure a été prise pour trois raisons : a) les apongs gênent le transport maritime, b) ils accélèrent le processus de sédimentation et le rétrécissement de la Segara Anakan, c) ils suppriment ce qui pourrait être un habitat naturel pour le poisson.

BPKSA a dit que la suppression des apongs est une condition préalable exigée par la Banque asiatique de développement pour son appui au projet, et qu’il n’y a pas d’argent pour indemniser les pêcheurs utilisateurs de cet engin. Il a par contre l’intention d’acquérir et d’exploiter un thonier palangrier opérant au large. Les pêcheurs lésés pourraient se faire embaucher à bord
comme matelots.

Les femmes de la communauté n’ont pas tardé à se réunir pour bien faire comprendre aux hommes les conséquences qu’aurait la disparition de la pêche à l’apong sur le budget familial. Le problème était régulièrement débattu dans les réunions locales. Les hommes craignaient que, une fois engagés sur le palangrier, ils ne seraient plus libres. Ils préféraient exploiter un terrain et rester près de la famille. La perte de cette pêcherie traditionnelle serait aussi la perte de leur indépendance. Et de toute façon, il n’y avait pas assez de bateaux pour employer tout le monde.

Les pêcheurs disent que personne à Kampung Laut ne s’est jamais plaint que les apongs gênaient la circulation sur l’eau. Ils estiment que le gros problème c’est le processus de sédimentation, qui est la conséquence d’une mauvaise gestion et de l’abattage non autorisé d’arbres dans la forêt du secteur de Kawunganten-Jeruklegi. Les autorités locales n’ont
jamais rien fait pour s’occuper de ce problème.

Dans les trois dukuh (sous-villages) de Ujung Alang, Ujung Alang Utara et Bondan, les femmes se
retrouvent régulièrement tous les mois dans des Balai Perempuan, ( un forum des femmes de la village), afin de faire le point sur les activités du BPKSA. Elles espèrent que ces réunions régulières inciteront cet organisme à consulter les habitants de la région concernée avant de prendre des décisions. Les notables locaux ont aussi compris qu’ils feraient bien d’obtenir l’avis de la population. Le chef du village prend parfois le temps de venir s’asseoir aux réunions
des femmes. L’association Koalisi Perempuan Indonesia, ou je travaillais pendant 2002-2005 a organisé des programmes de formation destinés à renforcer les capacités de plus de 300 membres du Forum des femmes. Elle est également en contact avec d’autres parties concernées : fonctionnaires locaux, ONG, BPKSA, etc. En avril 2003 , à l’instigation du Forum des femmes,
des ONG et des organisations de masse ont constitué un réseau pour a) diffuser l’information relative aux problèmes de Kamung Laut et de la Segara Anakan, b) collecter l’information sur les projets gouvernementaux/BPKSA pour la Segara Anakan, c) appuyer le Forum des femmes qui souhaite organiser une rencontre entre l’administration du district, les gens de Kampung Laut et le BPKSA afin de débatttre ensemble des plans de préservation de la Segara Anakan et de son écosystème.

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